À travers leurs demandes d’inscription universitaire sur Parcoursup, beaucoup d’élèves doivent choisir à 17 ans le métier qu’ils devront peut-être faire pour le reste de leur vie. À cet âge, si la plupart d’entre eux savent exactement ce qu’ils ne veulent pas faire, rare sont ceux qui connaissent précisément vers quels parcours, ils veulent se tourner. Cela les amène à faire des choix plus par défaut que par vocation.

En effet, pour bien choisir son futur métier, il faut trouver une profession qui corresponde à ses envies, ses aptitudes, ses habiletés physiques et intellectuelles, son caractère et ses besoins financiers.

Face à cette problématique et afin d’aider ses internautes à mieux s’orienter professionnellement, l’association Educobac réalise régulièrement des podcasts/interviews sur différents métiers. Dans ces interviews audio et vidéo, différentes personnes viennent parler de leur profession et apportent un témoignage sur :

– les relations qu’ils ont eues avec l’école et les profs;
– les choses qu’ils auraient aimé apprendre à l’école;
– ce que l’école leur a apporté ;
– le parcours scolaire qu’ils ont suivi;
– quelles qualités il vaut mieux développer pour faire leur métier;
– la meilleure et la plus mauvaise expérience qu’ils ont eues dans leur métier et à l’école.

Afin de pouvoir proposer un maximum de choix à ses internautes, les podcasts Educobac sont dédiées aussi bien à des métiers “classiques” (comme avocat, policier, pompier, instituteur, médecin, ingénieur, prof, …) qu’à des professions plus ‘originales” (tels horloger, sportif professionnel, youtuber …).

L’ensemble des podcasts sont téléchargeables gratuitement et en libre accès sur ce site, sa chaîne Youtube Educobac et SoundCloud.com.


INTERVIEW DE DANIEL, DÉVELOPPEUR WEB : « À L’ÉCOLE, J’ÉTAIS BON QU’EN MATHS ! »

Propos recueillis par Chawki pour EDUCOBAC, Décembre 2020

Les développeurs web sont apparus avec l’essor d’Internet. Leur cœur du métier consiste principalement à développer des sites et des pages internet à l’aide de langages informatiques tels que le HTML, CSS, Javascript, Python, etc … Leur champs d’intervention peut être très vaste puisqu’il inclut de la gestion de bases de données, de la programmation, du service client et de la sécurité informatique.


Developpeur

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[AUDIO DE L’INTERVIEW ]


Tee-shirt, bermuda et sandales aux pieds, Daniel est jeune développeur web, installé au Brésil depuis 3 ans.  Épanoui et sûr de lui, pendant une heure, il accepte de se livrer au jeu d’Educobac et me parle de son parcours scolaire, de son métier et de ses futurs projets professionnels.


Chawki : As-tu le bac ? Si, oui lequel ?
Daniel : Oui. J’ai un bac S, spécialité Maths.


Chawki : Quel est ton parcours scolaire ?
Daniel : Assez normal. Je suis allé au collège. J’ai eu le brevet. Puis, je suis allé au lycée. En première, j’ai choisi la section scientifique et, en terminale, la spécialité maths. Après mon bac, je suis allé dans une prépa parisienne appelée Charlemagne. J’y suis resté 3 mois et j’en suis parti pour des raisons diverses. Je suis alors allé à la fac où j’ai fait une licence de maths fondamentales. Comme je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j’ai commencé un master de modélisation aléatoire parce que, pour moi, c’est là où il y avait de l’argent à se faire. En effet, avec cette formation, tu peux travailler dans la finance. Du coup, j’ai commencé un M1, mais je l’ai arrêté. Je ne suis pas un mec très bon académiquement (Rires) ! Pour finir, comme mes parents voulaient que je fasse quelque chose, j’ai postulé à l’école 42 oú j’ai fait une année.


Chawki : Ta pire expérience à l’école ?
Daniel : Les conseils de classe ou plutôt les réunions parents/professeurs. À l’école, je n’étais bon qu’en maths ! Du coup, mis à part le prof de maths, tous les profs étaient énervés contre moi. Surtout ceux d’histoire-géo, de français et de SVT … Du coup, après chaque réunion parents/professeurs, je rentrais chez moi et je me faisais crier dessus.


Chawki : Ta matière préférée à l’école ?
Daniel : Les mathématiques bien sûr ! Tu sais quand tu es bon dans une matière, tu ne peux que l’aimer. Le truc qui est bien dans avec les maths : c’est qu’il n’y a pas de par cœur. Je pouvais retrouver toutes les formules juste en refaisant les démonstrations. En maths, tu as juste besoin de pratiquer. Si tu fais plusieurs exercices, tu retiens automatiquement toutes les formules. Pour moi, c’est très différent de l’Histoire-Géo ou du français où tu dois absolument connaître ta leçon.


Chawki : Comment décrirais- tu ton métier en quelques phrases ?
Daniel : À une personne qui ne s’y connait pas en informatique, je dirais que je fais des sites Internet. À une personne qui s’y connait un peu, je dirais que je fais des applications. À quelqu’un qui s’y connait, je dirais que je suis développeur web.


Chawki : Comment se déroule ta journée de travail ?
Daniel : Cela dépend des entreprises où tu travailles. Mais, la plupart du temps, tu arrives le matin. Tu as un premier meeting de 10 minutes où tu expliques ce que tu as fait la veille et ce que tu comptes faire dans la journée. Après, tu vas prendre un café. Puis, tu commences à travailler sur les fonctionnalités que tu as à faire pour la semaine. Du coup, tu codes, tu envoies des mails et tu vas à des meetings !


Chawki : Qu’est qui te plaît le plus dans ton métier ?
Daniel : C’est un métier qui recrute beaucoup en ce moment donc tu peux voyager partout dans le monde. Ce que j’ai beaucoup fait. Tu as un bon salaire et tu peux travailler à distance.


Chawki : Une anecdote amusante dans ton métier ?
Daniel : Lors de ma première journée de travail, j’ai dû assister au moins à trois réunions : un stand up meeting le matin, une réunion après la pause de midi et le meeting de fin de journée portait sur le debrief du mois. il fallait dire ce qu’on pouvait améliorer pour le mois prochain et donner nos impressions.

Je venais d’arriver et je n’avais vraiment rien à dire. Alors quand ils m’ont donné la parole, je leur ai dit cash : “Je trouve qu’il y a trop de meeting. Moi, j’aime pas parler, j’aime bien coder !” (rires). J’ai appris par la suite que cette première intervention avait fait une “grosse impression”!


Chawki : Quelles sont les qualités qu’il faut avoir pour faire ton métier ?
Daniel : Pour rebondir sur ce que je viens de dire, je dirai qu’aujourd’hui, pour être développeur, tu ne peux plus être que le geek qui reste dans son coin et qui ne sait faire que coder. Il faut parler beaucoup, être actif dans les réunions de travail et avoir la capacité de comprendre ce que les gens veulent.

Il faut savoir coder un minimum. Mais, pas besoin d’être excellent. À l’école, on te demande de faire des codes ultra difficiles. Mais, dans le monde du travail, tes tâches sont beaucoup plus simples :
“Peux-tu me changer la couleur de fond du site ? Peux- tu mettre la majorité à 21 ans au lieu de 18 ans sur le site ?”

C’est l’une des grosses différences entre l’école et le monde du travail. A l’école, il faut être le mec intelligent qui résout les problèmes difficiles. Au travail, il faut surtout savoir s’adapter. Lundi, on te demande de créer une fonctionnalité A pour vendredi. En milieu de semaine, tu apprends qu’en fait, on veut la fonctionnalité B et quand tu montres ta fonctionnalité B, on te dit que ce n’est pas cela qu’on voulait.

Pour être développeur, Il faut donc avoir le sens de la communication, être patient et avoir une vue d’ensemble.


Chawki : Est-ce que ton métier est stressant ?
Daniel : Cela dépend aussi d’où tu travailles. En fait, pour moi, il y a deux types de stress : l’un que j’aime et l’autre que je n’aime pas.
Le stress que j’aime bien est lié aux situations où rien ne marche et où tu dois prendre des décisions ultra rapides. Il faut donc utiliser ton cerveau et cela me plait.

Le stress que je n’aime pas est lié aux situations où les choses sont indéterminées. Tu ne sais pas ce qu’il faut faire. Tu n’as aucune vision à moyen terme. Tu es dans le flou total et tu ne sais pas si tu es en train de faire la bonne chose ou pas. Ce deuxième cas de figure est beaucoup plus dur à gérer pour moi.


Chawki : Ton métier c’est combien d’heures de travail dans le contrat et combien dans la réalité ?
Daniel : Aux USA, je travaillais 35 heures sur le papier et dans la réalité. En France, il y avait marqué 35 heures sur mon contrat, mais ils m’ont dit, dès le départ, que ce serait plus. Mais, cela restait raisonnable. J’étais dans les alentours de 40 heures par semaine.

En fait, cela dépend beaucoup de la boite ou tu travailles. Si tu es dans une start up qui est en mode “il faut qu’on sorte le produit le plus vite possible”, tu n’aurais pas les mêmes horaires qu’une boite qui est en mode “pépère”et où tu pourras plus facilement avoir une vie de famille.


Chawki : Est-ce que c’est un métier où on peut rencontrer des gens, sa copine où on peut draguer ?
Daniel : D’un point de vue social, tu peux rencontrer beaucoup de gens dans ce métier. Je me suis fait des amis au travail. Donc, avec ce boulot, vu que tu peux rencontrer des potes, tu peux aussi rencontrer des filles et te faire une copine ou un copain.


Chawki : Est-ce que ton métier existera encore dans 50 ans ?
Daniel : Je crois beaucoup dans l’effet Lindy qui dit que “plus une chose existe, plus elle a de chances de continuer d’exister”. Cela vient du monde journalistique. En résumé, ils disent
qu’un journaliste qui vient d’arriver aujourd’hui à plus de chance de se faire virer demain que quelqu’un qui est là depuis 5 jours. De même, un présentateur qui est resté longtemps à l’antenne à de fortes chances d’y rester.

Je dis cela car le métier d’ingénieur informatique est relativement récent. Dans les années 1950 ou 1970, il y avait très peu de développeurs. Donc, je ne sais pas si, dans 50 ans, on sera encore là.


Chawki : Est-ce qu’on peut faire ton métier durant 40 ans ?
Daniel : Je ne sais pas si cela est déjà arrivé. Est-ce que quelqu’un a déjà fait mon métier pendant 40 ans ? Les technologies que j’utilise aujourd’hui n’existaient pas il y a 40 ans.


Chawki : As-tu déjà eu envie d’arrêter ce métier ? Si oui, pourquoi ?
Daniel : Disons que je suis un peu pessimiste par rapport aux technologies. Je trouve qu’elles n’apportent pas grand-chose au monde. En fait, je ne trouve pas trop de sens à mon métier. Je le fais car j’aime bien le salaire. Mais, je ne me lève pas le matin en me disant : “Wow : c’est utile ce que je fais !”.


Chawki : En quoi l’école t’a servi pour faire ton métier ?
Daniel : Tout ce que j’ai appris à l’école, j’aurais pu l’apprendre à la maison. Mais, le fait de l’avoir appris à l’école m’a donné de la confiance en moi. Cela m’a permis de me sentir “prêt” quand j’allais à des entretiens d’embauche.


Chawki : Qu’as tu à dire à un jeune qui a 15/16/17 ans et qui ne sait pas quoi faire de sa vie ?
Daniel : Je lui dirais qu’à 21/22 ans, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie. Même aujourd’hui, je me pose encore la question et je crois que c’est une question que tout le monde se pose tout le long de sa vie. À 15/16/17 ans, tu as toute la vie devant toi, alors ne te pose pas trop de question.


Chawki : Un dernier mot pour tous les jeunes qui vont t’écouter ?
Daniel : Franchement, il ne faut pas trop m’écouter ! J’ai du dire pas mal de bêtises durant cette interview. Je pense qu’à l’adolescence, je me prenais trop la tête sur des trucs inutiles. Aujourd’hui, avec le recul, je comprends vraiment que toutes ces choses étaient futiles.

Quand tu as 15/16/17 ans tu te dis : “Il faut que j’ai une petite-amie car tout le monde a une petite amie” et, si tu es célibataire, tu le vis mal. Tu te dis “tout le monde sait ce qu’il veut faire de sa vie” et toi, si tu ne le sais pas, tu es un peu perdu.

En fait, dans la vie il faut réfléchir sur le long terme, sur 20 ans. Mais, à 15/16/17 ans, tu ne peux pas car tu n’as pas techniquement le nombre d’années de vie nécessaires pour prendre ce recul.

Du coup, il ne faut pas se prendre la tête : vis ta vie tranquillement 🙂 !


Chawki : Merci beaucoup Daniel !